
Commençons par un inventaire des protections périodiques existantes
Avant d’aborder la question de savoir s’il vaut mieux privilégier les produits menstruels jetables ou réutilisables, que diriez-vous de faire le point sur celles-ci ? Voici un tour d’horizon des différentes protections périodiques disponibles sur le marché, ainsi que leurs principales caractéristiques.
Les protections périodiques jetables
L’industrie des produits menstruels jetables s’est développée au XXème siècle, en particulier avec le succès commercial rencontré par la marque Kotex. On trouve sur ce marché les solutions suivantes.
La serviette périodique
C’est la première protection jetable à avoir été commercialisée et c’est aussi la plus consommée, certainement parce qu’elle est très simple d’utilisation (il suffit de la sortir de son emballage et de la fixer sur le sous-vêtement, de nombreuses références étant dotées d’ailettes pour favoriser le maintien ). Il convient de la changer toutes les 3-4 heures.
Le tampon périodique
Cette protection menstruelle interne a fait son apparition un peu plus tard sur le marché, dans les années 1930. Disponible avec ou sans applicateur, le tampon est en général plébiscité pour son côté « pratique », notamment lors des activités sportives. L’usage de ce produit menstruel nécessite de bien respecter la durée de port recommandée (4 heures maximum), de façon à éviter le syndrome du choc toxique (SCT), une maladie rare mais potentiellement mortelle.
Le protège-culotte
C’est un peu le « petit frère » de la serviette périodique. Le protège-culotte s’utilise en effet de la même façon, mais comme sa capacité d’absorption est limitée, il est conseillé en cas de flux menstruel léger, en début ou en fin de règles ou pour les pertes blanches.
Les protections périodiques réutilisables
Les produits menstruels n’ont rien de nouveau ! Ils existaient sous différentes formes bien avant le développement des protections jetables, qu’il s’agisse de tissu enroulé autour d’un bâtonnet (c’est l’ancêtre du tampon tel qu’on le connaît !) ou encore de serviettes « maison » fabriquées à partir de morceaux de linge. Voici la liste des protections périodiques réutilisables actuellement disponibles sur le marché.
La culotte de règles
Tout le monde en parle, c’est l’innovation la plus récente dans le domaine des protections périodiques. Elle est conçue comme une culotte classique et intègre une couche absorbante capable de recueillir le flux menstruel. Elle nécessite un lavage après chaque utilisation. Il est crucial de respecter les consignes d’entretien et de lavage pour garantir son efficacité et prévenir les risques d’infections.
Le tampon lavable
Il s’agit d’un morceau de tampon enroulé sur lui-même, à insérer dans le vagin comme un tampon classique. De la même façon, il ne faut pas porter cette protection interne au-delà de 4 heures, là encore pour éviter de développer un SCT.
La serviette lavable
Le principe est le même que la serviette jetable, mais comme son nom l’indique, elle se rince à l’eau froide une fois utilisée, puis se lave en machine à 30°. La plupart des modèles se clipsent à la culotte grâce à un bouton pression.
La coupe menstruelle
L’utilisation de cette protection interne nécessite d’adopter « le bon geste » : la coupe doit être pliée en forme de U avant d’être insérée dans le vagin, de sorte à ce qu’elle se déploie ensuite toute seule à l’intérieur pour recueillir le sang menstruel. La « cup » est dotée d’une tige permettant de la retirer (c’est l’équivalent de la ficelle pour les tampons). L’utilisation d’une coupe menstruelle expose aussi au SCT, raison pour laquelle il faut la vider régulièrement (toutes les 4 heures).
L’éponge menstruelle
Voici une protection périodique qu’on connaît moins car elle est très peu utilisée. Il en existe d’ailleurs deux versions : l’éponge synthétique qui ne s’utilise qu’une fois (ce modèle est donc une protection jetable) et l’éponge naturelle, qui n’est autre qu’un animal marin. Dans les deux cas, le port est également limité à 4 heures, toujours pour limiter les risques liés au syndrome du choc toxique.
Les protections périodiques jetables sont-elles vraiment dangereuses ?
Il ne vous aura pas échappé que si les protections périodiques jetables sont décriées, c’est en grande partie pour des raisons sanitaires. Sur ce terrain, il est vrai qu’en l’absence de réglementation relative à la composition des produits menstruels, les solutions jetables sont loin d’être toutes irréprochables. Ceci étant, il faut savoir faire le tri !
Attention aux produits menstruels jetables conventionnels
Comme les entreprises qui commercialisent des protections lavables le soutiennent, la composition de bon nombre de tampons et serviettes jetables pose une véritable problématique de santé menstruelle. En 2018, l’ANSES (l’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a en effet révélé la présence de différentes substances nocives dans les protections périodiques classiques : des dioxines, des phtalates, des perturbateurs endocriniens et même des pesticides, comme le glyphosate utilisé dans la formule du Roundup.
Depuis, les fabricants de protections périodiques continuent à pouvoir utiliser librement les ingrédients de leur choix, et ce alors même qu’il s’agit de produits en contact avec une des muqueuses les plus fragiles et les plus perméables. De ce point de vue, il est donc vrai que certaines références de tampons et serviettes jetables ne peuvent pas être considérées comme respectueuses de la santé, puisque leur utilisation expose à de nombreux désagréments (allergies, démangeaisons, irritations etc.).
Il existe des protections périodiques jetables saines !
Si les révélations de l’ANSES méritent bien sûr d’être prises en compte, n’en tirez toutefois aucune conclusion hâtive. En effet, toutes les protections périodiques jetables ne doivent pas être considérées comme dangereuses « par principe ».
Il existe des alternatives saines et jetables, la véritable question à se poser étant celle de la composition. Pour vérifier qu’un produit menstruel est fiable sur le plan sanitaire, il faut ainsi consulter la liste des ingrédients et se poser des questions de bon sens.
La protection périodique jetable contient-elles des ingrédients superflus, comme du parfum ou des colorants ?
A-t-elle été traitée au chlore ?
Y-a-t-il beaucoup d’ingrédients, dont certains que vous ne connaissez pas ?
Le produit menstruel est-il bio ?
Globalement, retenez que plus la composition est simple, mieux c’est pour la santé. Pour ne citer qu’un exemple, les tampons Natracare délivrés par nos distributeurs sont composés d’un seul ingrédient : du coton bio. Ce sont donc des tampons bio, certification à l’appui, ce qui garantit le respect de la flore vaginale et l’absence d’exposition à toutes les substances visées dans le rapport de l’ANSES.
Quel est l’impact environnemental des produits menstruels réutilisables ?
Utiliser une culotte de règles, la laver, la reporter, la relaver… sur le papier, le recours à des protections périodiques réutilisables semble relever d’une démarche écologique. La réalité est toutefois plus complexe.
Selon l’ADEME (agence de la transition écologique), la méthode la plus aboutie pour évaluer les impacts environnementaux d’un produit est celle de l’analyse du cycle de vie (ACV). Cette approche présente une certaine complexité puisqu’elle repose sur la prise en compte de tous les effets que le produit a sur l’environnement à toutes les étapes, de l’extraction des matières premières nécessaires à sa fabrication jusqu’à son élimination. Cela signifie donc que sans faire de calculs précis concernant des références de protections périodiques en particulier, il est impossible de déduire qu’un produit menstruel réutilisable serait, par principe, plus écoresponsable qu’un produit jetable.
Ensuite, il suffit de consulter les caractéristiques de certaines références de protections menstruelles réutilisables disponibles en ligne pour s’apercevoir que les fabricants font des choix pour le moins discutables pour l’environnement.
S’agissant des matières premières par exemple, il faut savoir que certaines culottes menstruelles contiennent du polyester ou du polyuréthane, deux matières artificielles dérivées du pétrole. En revanche, certaines protections jetables, comme celles produites par notre fournisseur Natracare, ne contiennent aucune matière plastique issue de la pétrochimie.
Par ailleurs, le transport joue un rôle également : une culotte menstruelle achetée en France n’a pas le même impact sur l’environnement si elle est fabriquée localement ou si elle est importée de Chine !
Même remarque pour la durée de vie, sachant que pour une culotte de règles, elle est estimée à « entre 2 et 7 ans », l’impact n’étant évidemment pas le même si on atteint plutôt la fourchette basse ou la fourchette haute.
Généraliser les protections périodiques réutilisables n’est pas forcément un progrès social
Si les produits menstruels réutilisables sont parfois présentés comme la meilleure alternative possible pour la santé et la planète, vous aurez compris qu’il existe malheureusement beaucoup de greenwashing sur le sujet. Au-delà de cet aspect, est-il pertinent de prôner la généralisation des protections périodiques réutilisables ? Chez Marguerite & Cie, nous ne pensons pas que cela fasse avancer les choses sur le plan de l’égalité femmes-hommes, et ce pour plusieurs raisons.
L’usage de produits réutilisables est parfois impossible
Rappelons, alors qu’on dénombre près de 4 millions de victimes de la précarité menstruelle en France, que les produits menstruels réutilisables ne sont absolument pas adaptés au quotidien des personnes les plus défavorisées. Comment une personne vivant dans la rue peut-elle laver une culotte de règles ou une serviette dans des conditions sanitaires acceptables, sachant que l’opération doit être répétée plusieurs fois par jour ? Et on ne parle même pas de l’usage d’une coupe menstruelle, qui demande une stérilisation à la fin de chaque cycle menstruel !
La même remarque vaut pour bon nombre de personnes qui doivent composer avec leurs règles au travail, et qui, dans les faits, ne peuvent pas envisager d’utiliser ce type de protections, soit parce que les toilettes ne sont pas équipées de lavabos, soit par manque de temps (on pense notamment au personnel soignant aux urgences).
Stop à la manipulation mentale !
Plus largement, il est intéressant de constater que si les produits menstruels jetables se sont développés, c’est surtout parce que les fabricants ont jugé utile de véhiculer tout un tas d’idées à leur sujet, celles-ci étant soit faussement « féministes » (« grâce à ces produits, vous n’aurez plus à faire la lessive »), soit culpabilisantes (« les solutions utilisées avant le jetable ne sont pas acceptables socialement, c’est sale »).
Les messages qui sont aujourd’hui véhiculés autour des protections réutilisables surfent sur ces mêmes tendances, à savoir sur la « cause féministe » (« utilisez des protections périodiques, c’est mieux pour votre santé ») ou sur la culpabilisation (« ce n’est pas bien d’utiliser des produits menstruels jetables, c’est mauvais pour la planète »).
À l’évidence, ces discours ne servent nullement la cause de l’égalité femmes/hommes, en particulier quand la composition des protections lavables est douteuse ! Alors que tout le monde devrait se sentir libre de choisir la protection périodique la plus adaptée à son corps et à son mode de vie, ils exercent une pression supplémentaire sur les personnes menstruées, dans une société pourtant déjà marquée par de nombreuses inégalités liées aux règles.
Et si la solution était la complémentarité ?
Après avoir lu cet article, vous hésitez encore entre protections périodiques jetables et réutilisables ? Pour vous aider dans votre réflexion, nous finissons nous aussi par une question toute simple : pourquoi choisir ? De nombreuses personnes apprécient d’utiliser ces deux types de protections, en portant par exemple une culotte menstruelle la nuit et des tampons jetables en journée.
La mise à disposition gratuite de produits menstruels peut elle aussi prendre plusieurs formes, en alliant par exemple distribution individuelle de protections lavables et installation de distributeurs de tampons et serviettes jetables.
Pour aller plus loin sur le sujet des protections périodiques réutilisables :
« Les protections menstruelles : Enjeu sanitaire, écologique et économique. Quelle place pour le réutilisable ? » – Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique – 02/05/2022
« Contrôle des nouveaux produits d’hygiène féminine » – Ministère de l’économie – 08/03/2022
« Remboursement des protections périodiques réutilisables pour les moins de 25 ans » – Site officiel du gouvernement – 07/03/2023