5 raisons de sensibiliser aux règles au collège et lycée

par | 1 Août 2022

Si vous envisagez d’installer des distributeurs de protections périodiques dans votre établissement, vous vous interrogez peut-être sur l’opportunité de mettre en place des actions de sensibilisation à destination de vos élèves. Dans ce cas, sachez que vous faîtes bien ! Voyons ensemble pourquoi la sensibilisation sur les règles s’avère primordiale, aussi bien au collège qu’au lycée.

1- Répondre au besoin d’information sur les règles

Comme le fonctionnement de l’appareil reproducteur est au programme, on pourrait penser que les élèves reçoivent une information suffisante sur les règles. Pourtant, les retours que nous font les jeunes sur le terrain démontrent le contraire, principalement parce qu’il existe un décalage entre l’enseignement théorique qui leur est dispensé et leurs véritables préoccupations sur le sujet. Pour Clara, notre responsable sensibilisation, le besoin d’information, aussi bien pour les filles que pour les garçons, se rapporte essentiellement à l’expérience vécue pendant les règles.

« Ce que les élèves veulent savoir, ce n’est pas forcément qu’un cycle dure 28 jours, sachant que dans la vraie vie, cela ne se passe pas ainsi pour de nombreuses personnes. Les questions portent en réalité sur la façon de mettre un tampon ou encore sur la quantité et la couleur du sang menstruel. C’est très concret, les élèves veulent savoir de quoi on parle exactement et obtenir des réponses franches, sans détours. »

S’ajoute à cela une réalité : si les règles sont évoquées de façon théorique en cours de SVT, le sujet n’est pas nécessairement abordé dans les familles, celui-ci faisant encore l’objet d’un tabou.

2- Faciliter l’accès aux distributeurs de protections périodiques

Beaucoup d’établissements scolaires installent des distributeurs de serviettes et tampons en partant du postulat que leur présence suffira à inciter les élèves à se servir. Mais ce n’est pas toujours le cas, dans la mesure où la gratuité n’est ni instituée officiellement en France, ni bien intégrée dans les mentalités.

« Si on ne sensibilise pas aux enjeux liés aux distributeurs dans les collèges et lycées, il y a le risque que les élèves en situation de précarité menstruelle n’osent pas les utiliser, par crainte de la stigmatisation » précise Clara. « Quant aux jeunes qui ne rencontrent pas ce problème, beaucoup peuvent considérer que les protections périodiques ne leur sont pas destinées. »

La sensibilisation constitue donc un levier de réussite dans un projet d’installation de distributeurs. Parler des règles et expliquer le principe du libre accès, c’est en effet à la fois dédramatiser la présence des équipements et encourager les élèves à les utiliser. Autrement dit, leur faire comprendre qu’avoir ses règles est normal, tout comme le fait de pouvoir accéder facilement à des tampons et serviettes !

3- Inciter les élèves à prendre soin de leur santé menstruelle

Si le sujet de la santé menstruelle commence à faire parler de lui, notamment avec la proposition de loi d’Albane Gaillot, il reste encore trop peu abordé avec les jeunes, alors que le besoin d’informations existe bel et bien. « Est-ce normal d’avoir mal pendant ses règles ? » « À quoi faut-il faire attention dans la composition des tampons et serviettes ? » « Qu’est-ce que l’endométriose et quoi faire si on pense en souffrir ? »

Parce que les règles constituent un enjeu de santé publique et que celles-ci représentent environ sept dans une vie, les élèves ont besoin de réponses à ces questions. La sensibilisation a également vocation à les alerter sur tout ce qui peut affecter la santé, comme le port prolongé de protections périodiques ou encore la présence dans celles-ci de substances nocives (perturbateurs endocriniens, plastique, dioxines…). Enfin, sensibiliser, c’est aussi rassurer, en donnant aux élèves les clés pour bien utiliser les produits et être en capacité de faire leur propre choix concernant leur corps.

Selon Clara, « il ne s’agit pas d’encourager à l’utilisation du tampon, mais de permettre aux élèves de tester, en sachant comment faire. En expliquant comment mettre un tampon, on lève les peurs, on donne l’opportunité d’essayer et de déterminer le type de protection qu’on juge le meilleur pour soi .”

4- Faire des règles un levier pour aborder des sujets fondamentaux

Savez-vous à quel point les règles sont un sujet extraordinaire pour développer la fibre citoyenne des jeunes publics ?  Taxe rose, charge mentale, stéréotypes de genre…les inégalités générées par les règles sont nombreuses, de telle sorte que les règles constituent une des meilleures « portes d’entrée » pour parler plus largement des inégalités femmes-hommes.

Il faut également savoir que les règles posent d’importantes questions sur le plan environnemental, et ce principalement à cause de la composition des protections périodiques et de leur volume de consommation. Selon Planétoscope, 45 milliards de serviettes sont jetées chaque année, ce qui n’est pas anodin pour la planète puisque les protections périodiques classiques contiennent du plastique, lequel a un impact sur les océans. Les règles sont donc un levier pour aborder la pollution plastique, avec la possibilité d’ouvrir le débat sur des sujets précis (les emballages par exemple) ou plus larges, comme la consommation responsable. Accessoirement, un atelier de sensibilisation sert aussi à rappeler quelques bonnes pratiques, comme l’interdiction de jeter les protections périodiques usagées directement dans la cuvette des toilettes !

5- Intégrer les garçons et initier le dialogue sur les règles

Les règles, un sujet de filles ? Pas du tout ! Au vu des enjeux d’égalité, de santé publique et d’écologie qui se cachent derrière le sujet des règles, les garçons sont tout autant concernés que les filles. Ils participent d’ailleurs volontiers aux échanges et posent des questions quand l’occasion leur est donnée, en se disant la plupart du temps intéressés parce qu’ils ont un entourage féminin (mère, sœur, petite amie…).

Mettre en place une sensibilisation sur les règles présente donc un intérêt sur le plan de la communication entre élèves, et en particulier entre les garçons et les filles. En pratique, cela contribue à limiter les moqueries et stéréotypes de genre de la part des garçons (« elle est de mauvaise humeur, elle a ses règles ! »), en encourageant au contraire des comportements plus bienveillants. Un atelier de sensibilisation sur les règles peut d’ailleurs être l’occasion de rappeler que les garçons sont eux aussi exposés à des variations hormonales et des clichés sexistes (« les garçons, ça ne pleure pas »).

Comme vous le voyez, sensibiliser aux règles présente de nombreux avantages, à commencer par celui d’aider les élèves à mieux vivre les règles. Si la démarche peut vous sembler compliquée, rassurez-vous, elle ne l’est pas tant que ça ! Au collège comme au lycée, les élèves se prennent rapidement au jeu des questions et réponses dès lors que le format qui leur est proposé aborde le sujet de façon simple, interactive et conviviale.

Vous connaissez des enseignants, des parents ou des collégiens et lycéens qui gagneraient à connaître ces informations ? Partager cet article !

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