Pourquoi proposer des tampons gratuits dès le collège ?

par | 12 Mai 2023

De plus en plus d’établissements scolaires équipent leurs locaux de distributeurs de protections périodiques et c’est tant mieux ! Pour autant, certains proposent uniquement des serviettes, en pensant qu’il s’agit là de la seule option possible. Un choix dommageable pour les bénéficiaires car à bien y regarder, il s’avère en réalité indispensable de proposer aussi des tampons. Si vous avez un projet d’installation de distributeurs dans votre établissement, lisez la suite et profitez de nos réflexions et retours d’expérience sur le sujet.

Stop aux idées reçues sur les tampons !

Si les tampons ne sont pas systématiquement proposés dès le collège, c’est souvent parce qu’ils génèrent un certain nombre de craintes, lesquelles sont pourtant infondées.

Les tampons ne sont pas dangereux

« Nous hésitons à proposer des tampons, par peur qu’une élève ne se blesse en testant. » Cette petite phrase, notre équipe l’a déjà entendue de la part d’adultes s’inquiétant de voir de jeunes élèves frôler le malaise en utilisant un tampon.
En pratique cependant, ce genre de situation ne se produit pas, tout simplement parce que les tampons sont bien conçus :
– leur forme facilite l’introduction, avec la possibilité notamment de choisir un modèle avec applicateur pour plus d’aisance ;
– la présence d’une ficelle (solide !) permet de retirer le tampon facilement ;
– il n’existe aucun risque de voir le tampon « se perdre » dans le corps, car il est anatomiquement impossible que celui-ci franchisse le col de l’utérus.

Autre sujet d’inquiétude fréquemment évoqué : le syndrome du choc toxique (SCT). S’il est légitime de s’en préoccuper, le danger doit toutefois être relativisé car le phénomène reste extrêmement rare. Pour rappel, le risque d’être victime du SCT ne concerne en effet pas tout le monde, mais uniquement les personnes porteuses d’une bactérie (un staphylocoque doré), laquelle produit une toxine (la TSST-1) à l’origine du syndrome lorsqu’un certain nombre de conditions sont réunies. Selon une étude publiée dans EclinicalMedecine en mars 2020  suite aux travaux menés par le Pr Gérard Lina, le risque de SCT concernerait ainsi seulement 1 à 3 personnes menstruées sur 100 000 .

Par ailleurs, il existe des moyens de prévenir le SCT, à commencer par la limitation de la durée du port de tampon (6 heures maximum). Sur ce point, l’essentiel est de prévoir une bonne information des élèves, celle-ci pouvant être faite directement sur la façade des distributeurs, comme c’est le cas sur notre modèle CLR. On ajoutera que proposer des tampons donne l’opportunité aux élèves qui utilisent ce type de protections d’en changer plus souvent… ce qui évite justement une durée de port au-delà des recommandations !

La question des tampons et de la sexualité

« On ne peut pas porter de tampons avant d’avoir des rapports sexuels. » « On peut perdre sa virginité en mettant un tampon. »
Voilà les réactions que suscitent parfois les tampons, alors qu’ils ne présentent en réalité aucun lien avec la sexualité. Tout d’abord, il n’existe aucune contre-indication médicale au port du tampon avant le démarrage de la vie sexuelle. Les parois du vagin sont en effet « élastiques », ce qui fait que sauf cas très particuliers (malformations, vaginisme), les élèves ayant leurs règles peuvent utiliser des tampons dès qu’elles le souhaitent.

Ensuite, il est utile de rappeler que contrairement à une croyance répandue, l’état de l’hymen (cette membrane fine et souple qui se trouve à l’entrée du vagin) ne veut rien dire s’agissant de l’existence ou non d’une vie sexuelle. Certains hymens se perforent ainsi avant tout rapport sexuel, par exemple sous l’effet de pratiques sportives. À l’inverse, d’autres ne se déchirent jamais, y compris en ayant une vie sexuelle active. 

Au final, et en prenant un peu de recul…un tampon n’est jamais rien d’autre qu’un dispositif parmi d’autres pour absorber le sang des règles, sans qu’il soit besoin de lui donner une connotation sexuelle. Cela contribue également à lever le tabou qui entoure les règles, et plus largement le corps féminin.

Proposer des tampons répond à un vrai besoin

Comme vous l’aurez compris, il n’existe pas de raisons objectives de laisser de côté les tampons dans le cadre d’un projet d’installation de distributeurs de protections périodiques. Au contraire, il existe même de bonnes raisons d’en proposer.

L’importance du choix

D’après vous, quelles sont les personnes les mieux placées pour décider des protections périodiques qu’elles utilisent ? Chez Marguerite & Cie, nous avons la réponse : tous les corps sont différents, avec des sensations qui varient…donc le plus logique, c’est encore de laisser la possibilité à chaque bénéficiaire de choisir selon ses habitudes et préférences !

Pour nous, il s’agit là uniquement de concilier le principe de la gratuité avec celui du droit de disposer librement de son corps. Rappelons en effet, même si on l’oublie parfois, que les élèves disposent déjà juridiquement d’une certaine autonomie vis-à-vis des adultes. Pour ne citer que deux exemples, les mineures n’ont ainsi pas besoin du consentement de leurs parents pour obtenir la pilule, ou encore pour solliciter une IVG. 

Que ce soit au collège ou au lycée, l’école peut donc être un lieu d’accompagnement : plutôt que de laisser un jeune public tester les tampons à la maison avec des produits de qualité médiocre, chaque établissement a l’opportunité de jouer un rôle dans la découverte des différentes protections et d’attirer l’attention sur les enjeux sanitaires et environnementaux liés à l’usage des produits menstruels. C’est d’ailleurs la position défendue par Albane Gaillot dans sa proposition de loi pour une réelle prise en compte de la santé menstruelle. S’il est adopté, ce texte impliquera en effet la distribution de serviettes et tampons sans substances toxiques dès le troisième cycle de l’école primaire, étant précisé qu’il prend aussi en compte l’importance de la sensibilisation.

Consommation de tampons : parlons chiffres

« Il ne sert à rien de proposer des tampons au collège, ils ne seront pas consommés. » « Autant proposer uniquement des serviettes, cela conviendra à tout le monde. » Très souvent, les adultes pensent bien faire en imaginant les habitudes de consommation des élèves. Mais que pensent vraiment les élèves des différents types de protections périodiques ?

Pour échanger régulièrement avec des publics jeunes, notre équipe dresse le constat que « jeunesse » ne rime pas nécessairement avec « usage exclusif de serviettes ». En effet, les règles sont susceptibles de démarrer dès l’âge de 9 ans, ce qui explique que dès le collège, toute une part de la population a déjà l’habitude d’avoir ses menstruations et d’utiliser des tampons. Une proportion non négligeable des élèves n’apprécient en outre pas les serviettes, et ce pour différentes raisons : inconfort lié à la sensation d’humidité et/ou du sang qui s’écoule, crainte des odeurs, peur que la serviette « se voit », sans compter l’impossibilité de les utiliser pour aller à la piscine par exemple. Les tampons sont quant à eux préférés entre autres pour la liberté de mouvement qu’ils procurent, lors d’activités sportives notamment. Enfin, beaucoup de personnes ont pour habitude d’alterner entre différents types de protections périodiques au gré de leur flux, de leurs envies ou de leur emploi du temps.

Au final, rien d’étonnant donc à ce que les tampons soient bel et bien consommés dans les établissements scolaires quand ils sont proposés, comme le confirment les statistiques établies par Guillaume, notre responsable commercial :

« Nous avons équipé plus de 150 collèges avec nos distributeurs CLR qui délivrent à la fois des tampons et des serviettes. Ce que nous constatons, c’est que les tampons représentent 25% de la consommation. Tous les collèges équipés, sans exception, continuent à nous commander des tampons, certes en plus faible quantité que les serviettes, mais de façon régulière. » 

Les chiffres parlent donc d’eux-mêmes : si vous en doutiez, les tampons ont toute leur place dans un projet d’installation de distributeurs de protections périodiques, et ce dès le collège. Il s’agit simplement de la prise en compte d’un besoin existant et chiffré et au-delà, d’un enjeu d’égalité entre élèves, sans discrimination basée sur leurs habitudes de consommation.

Vous avez besoin d’échanger davantage sur le sujet ? Retours d’expérience, précisions sur nos produits, actions de sensibilisation à imaginer…Guillaume et notre équipe sont là pour répondre à toutes vos questions sur les tampons et bien plus encore !

Pour aller plus loin sur le sujet des tampons gratuits au collège : 

« Une étude publiée dans eClinicalMedecine en mars 2020» – INSERM, Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale – 10/03/2020

« Sécurité des produits d’hygiène féminine » – DGCCRF – 12/05/2017

« Les règles, un tabou que l’école voudrait dépasser » – Le Monde – 24/02/2021


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